Depuis le 9 septembre, la préfecture de la Corrèze a donné un tour de vis supplémentaire aux restrictions dâÂÂusage de lâÂÂeau. Sur les neuf bassins que compte le département, quatre sont considérés en situation de crise. Tous les autres sont en alerte renforcée.
Un constat exceptionnel, qui montre la sévérité de la sécheresse, mais qui doit aussi s’apprécier dans le temps.. Pour cela, il suffit de se pencher sur lâÂÂhistorique des arrêtés préfectoraux imposant des mesures sur l’usage de l’eau.
Disponibles sur le site internet gouvernemental Propluvia, ces données sont implacables : sur les neuf dernières années, à la date du 13 septembre, la Corrèze a enregistré quatre périodes de sécheresse.
Et celle de 2020 sâÂÂannonce historique, selon Matthieu Baïsset, hydrogéologue et administrateur du site internet info-secheresse.fr (*) : ” Pour la Corrèze, comme pour de nombreux départements, deux phénomènes se cumulent. DâÂÂabord un déficit de précipitations prolongé dans le temps : “sur les six derniers mois, il peut atteindre 60 %. “
CâÂÂest notamment le cas en haute Corrèze : entre le printemps et lâÂÂété, le secteur d’Ussel reçoit en moyenne 539 mm de pluie. A la mi-septembre 2020, le compteur sâÂÂest arrêté à 330 mm.
La région de Brive a moins souffert, uniquement parce que la moyenne des précipitations y est plus faible. Le manque dâÂÂeau est tout de même de 30 % (310 mm au lieu de 483 mm).
Matthieu Baïsset est catégorique : ce niveau de sécheresse ” ne sâÂÂobserve quâÂÂune fois tous les cinquante ans “. àlâÂÂéchelle de la France, elle touche un large quart nord et est de la France, avec une poussée vers le centre du pays (Berry et Limousin).
Le phénomène est amplifié ” par les vagues de chaleur, dont celle que nous vivons actuellement “, précise lâÂÂhydrogéologue. Après les épisodes caniculaires de juillet et dâÂÂaoût, la Corrèze est à nouveau sous la cocotte-minute, depuis le 9 septembre 2020, avec des journées à plus de 30 degrés et même 36 degrés, lundi 14 septembre, sur le bassin de Brive ; une dizaine de degrés au-dessus des normales de saison.
àce rythme, le département pourrait battre un autre record, celui du plus bas indice dâÂÂhumidité des sols. Le dernier remonte⦠à septembre 2019 (lâÂÂavant-dernier à 1959).
” Dans les années 1960, la France ne connaissait que trois périodes de sécheresses tous les dix ans. AujourdâÂÂhui, nous enregistrons six épisodes par décennie “, assure Matthieu Baïsset.
” CâÂÂest principalement dû à lâÂÂaugmentation globale des températures de + 1,5 degré depuis les années 1990. On constate aujourdâÂÂhui que lâÂÂimpact est très fort “
La rivière Corrèze, dans la traversée de Brive. Les scénarios à l’horizon 2045 ne sont guère encourageants : sur le bassin Adour-Garonne, celui dont dépend la Corrèze (en gros, le quart sud-ouest de la France), les estimations évoquent une diminution de 30 à 50 % de la ressource en eau à cause du dérèglement climatique.
“LâÂÂabondance de lâÂÂeau en été, câÂÂest fini, prédit Matthieu Baïsset. Désormais, il fait sécuriser, économiser, sâÂÂadapter. ” LâÂÂenjeu est considérable pour un département rural comme celui de la Corrèze, qui puise la quasi-totalité de son eau potable dans les rivières, sans parler des besoins agricoles, pour la production dâÂÂhydroélectricité ou les activités de loisirs.
(*) Cette plateforme numérique gratuite a été lancée par ImaGeau, filiale du groupe Saur. Elle rassemble, traite et interprète en continu les données liées à la sécheresse.
Situation critique des cours d’eau. Hydrobiologiste à la Maison de lâÂÂeau et de la pêche de Neuvic, une structure associative quâÂÂon pourrait comparer à un bureau dâÂÂétudes des milieux aquatique de haute Corrèze, Sébastien Versanne-Janodet confirme que la situation est une nouvelle fois critique pour les nombreux cours dâÂÂeau qui font la spécificité de lâÂÂest du département. ” Mais, câÂÂest différent de lâÂÂan passé, où des assecs sévères avaient été observés sur deux semaines. Des rivières ont été plus pénalisées que dâÂÂautres, câÂÂest assez hétérogène”. Un phénomène qui pourrait être lié ” à des orages très localisés. On pense aussi aux zones humides naturelles : elles jouent un rôle dâÂÂéponge et ont peut-être déchargé des quantités dâÂÂeau après les bonnes pluies de lâÂÂhiver. Cela donne encore davantage de sens à leur restauration. ” La Maison de lâÂÂeau et de la pêche de Neuvic sâÂÂinquiète de la répétition des périodes de débit faible : ” 2020, câÂÂest la troisième année consécutive, alors quâÂÂavant, câÂÂétait une fois tous les trente ans “.Un des rares points positifs, câÂÂest la température de lâÂÂeau vive : ” Elle reste comprise entre 12 et 14 degrés, alors quâÂÂen 2019, elle était plutôt de 22 à 23 ð. Cette fraîcheur aide les poissons à résister û, et à se reproduire dans de bonnes conditions.
World news – FR – Météo – En Corrèze, il faudra s’habituer à des sécheresses de plus plus en plus fréquentes
Source: https://news.ebene-magazine.com/world-news-fr-meteo-en-correze-il-faudra-shabituer-a-des-secheresses-de-plus-plus-en-plus-frequentes/
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